Bwa Kale, la réponse populaire


Credit Photo: Google


L'histoire haïtienne est un triste rappel de la citation de Thucydide selon laquelle "l'histoire est un perpétuel recommencement". Les crises systémiques et les périodes d'instabilité politique et économique ont marqué l'histoire d'Haïti depuis de nombreuses années. Ces crises ont souvent conduit à des manifestations de mécontentement populaire, qui expriment les exigences pressantes de larges secteurs de la population pour une véritable intégration nationale.

Un exemple frappant est la crise de 1843-1848. Cette période était caractérisée par l'incapacité du système à répondre aux demandes pressantes de la population pour la sécurité des personnes et des biens, ainsi que pour l'extension de l'éducation aux couches défavorisées. Ces exigences étaient clairement formulées, mais le système était incapable d'y répondre, ce qui a entraîné une crise profonde. De même, la crise de 1908-1915 a été marquée par la guerre civile, le gâchis administratif et financier, et la dépréciation accélérée de la monnaie. Ces crises ont entraîné des révoltes populaires, qui ont exprimé la colère et la frustration de la population.

Malheureusement, ces crises ont été répétées tout au long de l'histoire d'Haïti, sans que les erreurs du passé ne soient corrigées. Cela a conduit à des scénarios historiques récurrents, où les mêmes problèmes se posent encore et encore, sans trouver de solutions durables.

La situation actuelle en Haïti est alarmante et désespérée. La crise qui sévit est caractérisée par une violence extrême, orchestrée par une minorité avide de pouvoir, d'argent et de privilèges. Cette élite politique et économique, qui gouverne sans aucune considération pour les intérêts du peuple, a transformé l'État en une organisation mafieuse qui ne garantit plus la sécurité de ses citoyens. Les groupes criminels, encouragés par cette impunité, se multiplient et terrorisent impunément la population par des enlèvements, des viols et des assassinats. 

Lorsqu’un peuple en a marre de vivre sous le joug d'un État voyou et des gangs qui terrorisent sa vie, il n'a d'autre choix que de prendre en main sa propre sécurité. Dans ce contexte, il est intéressant d'observer comment le peuple haïtien a pu répondre à l'insécurité qui le menace, et attaquer les problèmes socio-politiques notamment à travers des initiatives comme le mouvement « Bwa Kale ». La prise en main de la situation par le mouvement "Bwa kale" peut sembler radicale, voire même dangereuse. Pourtant, si elle est correctement dirigée, elle offre une solution viable à l'absence de l'État en permettant aux citoyens de se protéger, de prévenir les crimes et de réagir rapidement en cas d'agression. En prenant en charge leur propre sécurité, les citoyens peuvent restaurer un certain niveau de confiance dans leur communauté, ce qui peut contribuer à réduire la criminalité à long terme.

Toutefois, l'histoire d'Haïti a montré que les initiatives populaires de ce type peuvent être entravées par une coalition anti-populaire dictée par la communauté internationale, souvent accompagnée d'une intervention armée étrangère. Cette ingérence étrangère est vouée à l'échec car elle ne résout pas les problèmes à long terme et conduit à une dépendance à l'aide étrangère, menaçant ainsi la souveraineté nationale et la stabilité politique. Il est donc crucial pour le peuple haïtien de se mobiliser de manière autonome pour réaliser les aspirations profondes des secteurs les plus vulnérables de la population, sans dépendre de l'ingérence étrangère, et ainsi assurer un avenir durable pour le pays.
Par rapport à cette crise, le mouvement Bwa Kale doit être un mouvement intelligent qui prend en compte notre histoire pour ne pas se laisser enfermer dans le maintien du statu quo. Il doit être la volonté de sortir de ce cycle de crises récurrentes et d'instabilité politique et économique, en s'attaquant aux racines profondes de la violence, de la corruption et de l'insécurité qui gangrènent la société haïtienne. Elle doit encourager la participation active de tous les citoyens, en particulier des jeunes, à la résolution pacifique des conflits et à la consolidation de la cohésion sociale. En outre, le mouvement Bwa Kale doit être un appel à la mobilisation citoyenne pour la mise en place d'institutions étatiques fortes et responsables, capables de répondre aux besoins et aux aspirations de la population. Les dirigeants politiques doivent être élus de manière transparente et démocratique et être tenus de rendre compte de leurs actions.

En fin de compte, le mouvement Bwa Kale doit être un symbole de l'espoir et de la résilience du peuple haïtien, qui refuse de se résigner à un avenir sombre et incertain. Il doit être une voix forte et unie pour la défense des droits de l'homme, la promotion de la justice sociale et l'établissement d'un état de droit durable en Haïti. Ainsi nous pouvons citer Che Guevara : « Seul le peuple peut sauver le peuple, il n'y a pas de sauveur, il n'y a pas de Messi en matière de lutte populaire. » 


                                                                                                                                                    Jeff Valbrun
                                                                                                                       MSc.in Quantitative Economics




Commentaires

Enregistrer un commentaire