Loin de ma patrie!


Crédit photo: Google

« Après cette longue pause due à mes études à l’étranger, la solitude que je ressens en ce dernier jour de l’année me pousse à sortir de mon mutisme pour faire l’une des choses que j’aime beaucoup au monde, à savoir exprimer mes sentiments et partager mes pensées avec les autres par l’écriture. » 

Cela fait déjà douze mois depuis que je suis à l’extérieur de cette île ensoleillée. Tant de mauvaises choses se sont produites pendant mon absence : enlèvements, assassinat du président, gangs armés, crimes au quotidien, viols. Il ne se passe pas un jour sans une terrible tragédie.

Même si les nouvelles journalières laissent un goût amer sur mes lèvres, ma famille et mes amis qui y vivent me manquent au point de laisser un vide dans mon cœur. En ce moment il est 22h56 à Macomb, Illinois (un décalage horaire d’une heure de moins de mon pays), je suis seul dans mon studio attendant l’arrivée du nouvel an en écrivant ce billet. Je me souviens en cet instant des caprices de ma fille et de l’amour incommensurable pour son papa, du beau sourire de ma femme qui m’appelle « B », de Midou qui fait son numéro de cuisine, de Tijato qui répète sa fameuse phrase « Dead mother fucker » (rires), de Jonathan qui fait de la gourmandise, et de Kersy qui demande à mettre de l’ambiance.

J’imagine l’euphorie qu’il y a en Haïti pour saluer l’arrivée de cette nouvelle année et l’espoir d’un changement inespéré qui habite le cœur des haïtiens. De mon côté, j’attends dans ce fuseau horaire le premier jour de l’année 2022 dans une ville morte où le silence est lourd, et où la neige déambule sur les trottoirs et dans les rues.  

Il est déjà minuit à Port-au-Prince, ma famille m’appelle par vidéo pour me formuler des vœux. Dans cette gueule que je fais, je suis impuissant à retenir mes larmes. C’est la première fois de ma vie que je rate autant d’occasions familiales, Pâques, anniversaire de mariage, anniversaires de naissance, Noël, et aujourd’hui l’arrivée de la nouvelle année.  En outre, je ne goûterai pas à la soupe au giraumon qui est la tradition la plus importante du nouvel an haïtien pendant qu’elle entre dans le patrimoine immatériel de l’humanité.

En ce moment, je pense à combien d’haïtiens qui sont dans la même situation que moi, nombre d’entre eux sont coincés ailleurs dans le froid et la solitude parce que le pays est devenu une vallée de la mort. Fauteurs de troubles, il nous manque le cœur battant de l’île. Vous brisez nos liens avec l’Alma Mater. Ça suffit ! 

À Macomb, il est maintenant minuit. Aucun signe à l’extérieur ne reflète cette transition temporelle ; seuls les messages que je reçois de mes amis du campus m’indiquent ce changement. Bref !

Même si je suis loin de ma patrie et triste, il y a de ces habitudes que l’on emporte avec soi et que l’on ne peut pas négliger peu importe l’endroit où l’on se trouve. Chaque nouvelle année, je consacre ces quelques minutes à des pensées positives pour l’humanité et à la méditation. Et le moment est venu pour moi d’aller invoquer le Dieu de mon cœur et de ma compréhension. Avant de partir, je souhaite que la paix, l’amour et le vivre ensemble deviennent une réalité sur toute la surface de la terre, en particulier en Haïti, ma patrie.

                             Bonne Année 2022 !!!

Jeff Valbrun










Commentaires

Enregistrer un commentaire