Un voyage dans la cité des poètes


Crédit photo: Facebook

Pour m’éloigner un peu du vacarme de la capitale et me soustraire au stress lié à la pandémie du coronavirus, j’ai décidé de me rendre à Jérémie. Mes séjours dans les villes de province ont toujours été enrichissants, j’espère que le voyage dans la cité des poètes prendra sa place parmi les aventures heureuses vécues à l’extérieur de la capitale.

Tenue décontractée, l’esprit ouvert à l’inconnu, accompagné de deux amis et de quelques membres de ma famille, j’entame la route nationale #2 ; aller voir ce que cette ville me réserve de beau et de particulier est une motivation qui me pousse aussi à faire ce voyage.

Avec beaucoup de prudence, nous roulons avec une vitesse allant de 60 à 80 Km heure. À travers les vitres de la voiture, on peut remarquer le paysage qui se présente à nous : collines déboisées, rivières asséchées, marchands ambulants qui offrent rafraichissements et friandises sur la route.

Après 294 km de route, nous arrivons dans la ville de Jérémie vers les 17 heures sous les brumes d’un soleil couchant et les vrombissements des motocyclettes qui font échos dans l’air.

Le lendemain matin, une odeur de café me réveille de mon sommeil. Amateur de café que je suis, je ne m’attarde pas à aller prendre mon bain et m’habiller. Une tasse en main, je m’installe sur la dodine du balcon de l’appartement où loge mon épouse avec « vue sur mer », pour déguster mon beau café noir.

Une fois terminé, j’appelle ce taxi moto qui passe dans la ruelle et en un clin d’œil, me voilà déjà en route pour aller explorer les différents lieux et dire bonjour à la ville.

Le premier lieu où je me dirige est le cap « La Pointe », jadis baptisé « Promenade Oswald Durand » ; une fois arrivé, je commence à marcher sur les vestiges d’un fort et à admirer de près la baie de Jérémie.

Après avoir visité les ruines du fort, je prends la direction du littoral pour aller voir l’embouchure non loin du quai. Sur la route, le motocycliste me montre l’endroit où l’on pêche ordinairement les anguilles et saisit l’occasion pour me raconter une anecdote qui me fait rire à pleines dents.

Bien que je sois informé de la carence infrastructurelle de la ville, j’ai demandé au conducteur de m’emmener dans la banlieue ouest du centre-ville pour visiter le complexe administratif et l’immeuble Tek4Kids, une organisation non gouvernementale qui promeut la technologie pour les jeunes dans la région.

Amoureux et promoteur de la technologie, j’ai été ébahi de voir, à l’intérieur des bâtiments,  un embryon de Silicon Valley en Haïti. Les technologies utilisées sont de haute gamme et ce qu’on donne aux enfants comme éducation technologique est de qualité.

Après avoir fait le tour des immeubles de Tek4Kids, je décide de mettre fin à ma tournée pour rentrer à la maison. J’arrive à l’heure exacte du repas : un fumet de poisson m’accueille et me mets de l’eau à la bouche. Sur la table de la salle à manger, un repas frugal nous attend déjà et nous nous asseyons pour manger. Après le repas, j’ouvre une discussion avec les amis présents ainsi que les membres de la maison sur les mythes et superstitions de la région jusqu’à la tombée de la nuit.

Ayant programmé avec ma femme dès mon arrivée d’aller visiter ensemble quelques lieux, je me réveille de très tôt le lendemain afin de jouir pleinement de la programmation du jour.

Accompagné d’un ami de la ville, nous empruntons le chemin qui mène à la rivière Kanon. Une nature verdoyante dévoile ses charmes sous un ciel bleu ensoleillé. Je me laisse aller à contempler les larges plantations, les paysans qui circulent avec leur machette et les enfants qui ramènent de l’eau à la maison avec des gallons. C’est extraordinaire !

Vitres descendus, un vent doux circule à l’intérieur de la voiture. Cette douce brise me caresse le visage et me laisse respirer facilement l’odeur de la campagne.

En une dizaine de minutes nous arrivons à la rivière Kanon. L’état dans lequel se trouve cette rivière asséchée a gâché totalement ce qu’on espérait voir. Sans perdre de temps, on rebrousse le chemin pour se rendre à Anse d’Azur.

Après une trentaine de minutes, on se retrouve à Anse d’Azur. Après avoir garé le véhicule nous filons à pied un sentier délicatement tracé par la nature pour atteindre la plage.

Sur le rivage, on y découvre une mer turquoise qui nous offre toute la détente qu’on peut souhaiter. La blancheur du sable fin sous les pieds et les chatoiements de l’eau ont cette magie de revigorer les visiteurs. Avec ce décor paradisiaque, je comprends pourquoi l’Anse d’Azur est l’un des endroits les plus appréciés de la région jérémienne.

Sur le chemin du retour nous faisons une halte à l’aéroport de Jérémie pour voir les travaux d’aménagement de la piste. Il est bientôt sept heures du soir l’espace est bondé de personnes, les préparatifs pour l’inauguration prévue pour le lendemain continuent à cette heure tardive, des chuchotements par-ci, par-là : une prélude avant l’arrivée du président de la république demain. Curiosité satisfaite, nous nous dépêchons de rentrer en ville.

La nuit tombe sur la ville, les rues sont éclairées par les phares des motards. Pour continuer l’ambiance, nous refusons d’entrer à la maison. Sans hésiter, nous prenons la direction d’un bar réputé du coin pour prendre quelques verres…jusqu’à minuit !

Le lendemain, tôt dans la matinée, je prends une motocyclette pour me rendre chez « Madan Manès » pour acheter des comparettes. Il se dit que chez « Madan Manès » est l’endroit où l’on trouve les meilleures comparettes de Jérémie.

Après les achats, je fais un dernier tour sur la place d’Armes et visite l’Eglise Saint Louis Roi de France. Comme on avait prévu de rentrer à Port-au-Prince dans l’après-midi, je retourne ensuite en vitesse chez moi pour faire mes bagages.

Compartiment de rangement de la voiture bien rempli, vers 13 heures, nous mettons le cap sur Port-au-Prince.  Sur le chemin du retour, plongé dans mes pensées, je me demande si je ne m’installerai pas un jour dans la Grand-Anse pour jouir de la tranquillité d’esprit qu’on peut y trouver tout en restant proche de la nature.

Dommage !

Ma réalité se trouve dans la cacophonie des quartiers de Port-au-Prince…

                                                                                      

                                                                                          Jeff Valbrun

 


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