La toile d'un pays à l'envers

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Pendant plus d’une trentaine d’années, l’attitude des hommes et des femmes de ce pays au soleil battant fait de la sottise un moyen de réussite en donnant formes et vie aux plus malsaines absurdités de l’imagination. Du coup, l’imbécile devient roi, les voleurs arrogants, l’intellectuel méprisé, la sottise vénérée, le fou est ennoblit, les voyous deviennent des vedettes adulées, les crimes sont acceptés, … Ouf! Une ribambelle démesurée, une société à l’envers qui a depuis un certain temps changé les règles prescrites par la morale. 

La prise en otage de la fonction publique 

Dans toute société normale qui fonctionne, servir l’intérêt commun constitue l’ultime mission et objectif de la fonction publique. Par contre en Haïti, cette mission est souillée par l’absence d’empathie et l’effritement des valeurs humaines. De ce fait, la volonté de servir la collectivité se transforme en la volonté unique de servir ses intérêts personnels et mesquins ; une véritable ambiance de « Chacun pour soi, Dieu pour tous ».

L’exercice de ce comportement egocentrique divise cette société et favorise un terrain propice pour les malintentionnés nés. Actuellement, la plupart de ceux qui occupent des fonctions publiques, sont des hommes et des femmes au passé malhonnête qui continuent à reproduire leurs actions véreuses à la plus haute sphère de l’Etat. La fonction publique du pays est prise en otage pour donner libre cours aux actes clandestins et répugnants commis sous une couverture légale…


 Une société insouciante et zombifiée par la peur 


Malgré qu’elle soit privée de tout ce qui est correct, la volonté de dire non à l’inacceptable est comme la fumée dissipée par le vent. Tout est rude et amer, la misère stigmate la vie des plus démunis et la peur paralyse. Le souci du peuple de prendre en main son destin n’est pas à l’aube ; au contraire mandater des bandits pour la fonction publique est l’acte volontaire de la majorité pour trainer le poids de la pauvreté. 

De cette situation, des faits inédits retiennent l’attention : des intellectuels sans intellect ; les forces vives de la nation sans force d’action et de proposition; des bandits se convertissent en travailleurs sociaux ; des parlementaires en chefs de gangs etc. 

Cette société est une véritable cité de morts ambulants coiffée par des croque morts ! 

 Le talent de la classe politique 

Pour connaître ceux qui participent vivement à l’effondrement de ce pays, un coup d’œil sur la classe politique est suffisant. Pour cette frange de la société, psalmodié le nom du peuple à travers des discours est une technique efficace pour défendre ses intérêts les plus mesquins et les plus sombres ; naturellement cupide et avare, elle s’entredéchire sans penser à ceux qui croupissent dans la misère. 

Dans un jeu d’alternance, elle fractionne le pouvoir politique du pays en parti au pouvoir et parti en opposition ; une meilleure option pour maintenir le statu quo. Avec un talent aiguisé pour l’escroquerie, elle se donne le droit de voler, piller les fonds publics, manipuler les gens et violer les lois constitutionnelles. 

La classe politique est le principal responsable du mal de ce pays. 

Un secteur d'affaires sous- développé 

Si l’acte de faire des affaires a également un « but social », celui de ce pays consiste à aspirer par tous les moyens les nutriments de vie de la population. Des mots comme créer, encourager et innover sont devenus abstraits pour ce secteur car la logique se dresse autour de l'importation et la contrebande. 

Dans ce système perverti et à l’envers, maintenir la crasse et le sous-développement pour la plupart des gens d’affaires est une meilleure option pour marquer leur supériorité par rapport à la masse. Ils se font appeler des nantis, mais ne s’investissent pas dans l’éducation et les soins de santé de la population, ne parrainent la recherche universitaire et le progrès scientifique. Par contre, corrompre davantage les mafias de la politique pour augmenter leur capital est la meilleure stratégie entrepreneuriale. 

Une intelligentsia sans état d’âme 

Pour résister aux maux infligés par la misère, il existe un antidote. Après avoir passé des années à se former sur le banc des écoles et des universités, à lire des montagnes de livres dans les bibliothèques, pour nombres d’intellectuels de ce pays, déshonorer les vertus de l’intelligence est la façon la plus rapide pour échapper à ce fléau. 

N'ayant pas grand intérêt sur l’état actuel de ce pays, bon nombre de personnes prostituent leurs droits au profit de l’argent. Pour occuper des fonctions étatiques, certains intellectuels se font complices des malintentionnés par la mise aux enchères de leur intégrité et leur compétence. 

Une classe moyenne superficielle 

L’idéal de cette classe tourne autour d’un emploi, d’une maison, d’un visa pour les pays de l’Amérique du Nord et d’une voiture de marque Toyota. Joignant difficilement les deux bouts, ils n’ont pas d’autres sujets de prédilection que les voyages, les voitures, le dernier IPhone, les soirées où ils se tuent à vouloir se faire voir à tout prix… leur superficialité est devenue une marque de grandeur et de fierté… 

Misérable et individualiste, comparer ses avoirs avec les autres est une mode de vie pour cette classe d’hommes et de femmes. Elle crée ses propres réalités et vit en clan, les problèmes de ce pays ne les intéresse guère vu qu’elle pense pouvoir s’échapper rapidement au cas où le navire viendrait à sombrer. 

Dans ce pays, l’adoption de la non-conscience comme qualité met en gage le développement économique et structurel de la société. « L’union fait la force » est le seul moyen pour transformer cette triste réalité, mais la volonté d’agir pour l’intérêt commun reste et demeure un défi.

                                               Jeff Valbrun Influencer     

Commentaires

  1. Bien pensé, bien dit, bien écrit!

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  2. Tu as une arme puissante qui te permet de changer tout cela, mais il te faudra d'abord atteindre une masse critique.

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