La danse symbolique des loas

Crédit Photo: Jeff Valbrun 

Dans un non-lieu du temps, des énergies subtiles s’assemblent, se côtoient, se conjuguent en un tout harmonieux positif pour accueillir l’évènement qui s’annonce. Sous l’égide de « l’union fait la force », la conscience collective haïtienne a lancé un vibrant appel aux loas du passé et du présent dans une danse symbolique pour conjurer, via le concours de leur force et de leur puissance, le sort de ce peuple bafoué. 

Insoumis aux règles du temps, la réalité qui gouverne ce non-lieu est comme un tour de passe-passe qui trompe la vue avec adresse. En un clin d’œil, tous les loas du panthéon, pour signifier leur présence, se font visibles, s’assemblent et défilent un à un au gré d’une danse frénétique aux mouvements rapides pour la gloire, l’honneur, la purification émotionnelle et spirituelle d’Ayiti ! 

Les préliminaires et salutations 
D’entrée jeu le loa Legba dans sa fonction d’intermédiaire ouvre la voie pour réaliser la communion spirituelle entre les deux mondes ; cette introduction faite, tous les loas commencent alors à déambuler sur une figure géométrique (vèvè) aux reflets lumineux; les bras croisés, ils se serrent les mains en frottant leur front les uns contre les autres. Puis, sous ce décor élégant de couleur blanche, l’officiant salue les convives et, par un geste brusque de la main, il ordonne de commencer le spectacle : tout le monde s’active pour participer à la « danse » symbolique. 

La première danse 
Aux premiers coups de baguettes sur l’assotor – le tambour magique – la mélopée des tambours traverse en un courant vibratoire la famille des loas Ayizans qui ouvre la cérémonie avec une danse rituélique appelée « chire Ayizan ». 

Autour du poteau du milieu (potomitan), elle exécute des pas et de nombreuses pirouettes dans un ordre rigoureux, effilochant des rameaux de palmier pour montrer la force qui unit les 21 nanchons (famille, nation, escorte).

L’entremêlé
Le rythme des tambours change, des chants en chœur s’entonnent, réchauffant l’ambiance avec des notes tropicales, enflammées ! Les Congo prennent le relai en faisant bouger graduellement leurs pieds, rejoignant les Ayizans en imprimant de petites secousses aux épaules et en ondulant légèrement les reins. 

Avec force et une brutalité, tel un coup d’éclair, Ogou Batagri se lance dans la danse avec son épée, suivi immédiatement par les Nagos, portés par des balancements à droite puis à gauche, en avant puis en arrière, électrisant les « vèvè » éclatants par la rapidité et leurs gestes vigoureux et intenses.

En l’honneur d’Ayiti, toutes les autres familles rejoignent la piste pour danser ; chacune avec des pas distincts, dansant et tournant autour du pilier central (potomitan) pour créer un répertoire spécifique de mouvements et de chorégraphies : dans cette fusion totale et harmonieuse, les gestes deviennent fluides, magiques et symboliques !


Il est grand temps pour nous d’être réceptifs aux influences émanées de la danse symbolique des loas ; si leurs énergies arrivent à percer les voiles sombres de la réalité actuelle, réunifiant de façon harmonieuse les deux versants de notre Etre (corps et esprit), alors, on pourra espérer retrouver un jour notre dignité de peuple béni, sacré…

                                    Jeff Valbrun Influencer 

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