Dans la tête d'une professionnelle haïtienne




Veuve depuis le quinquennat de son mariage, Marie, une jeune professionnelle haïtienne de 34 ans, mère de 2 enfants, est l’une des rares personnes de ce pays qui tatouait ses rêves des lettres qui décrivent l’état de félicité qu’inspire le mot bonheur aux humains. Malheureusement pour elle, elle vit dans ce coin de terre où la misère fait évaporer le génie des êtres, où la conjoncture socio-politique est inquiétante et ne fait qu’effriter les rêves de celui qui façonne son futur par la pensée. Arrivé à ce stade de sa vie, elle souligne que son pays est sensible au signal du métronome de l’incertitude, et comprend que ne pas se questionner sur son lendemain constitue pour elle un non-sens. Cette attitude consciente l’amena à scruter son lendemain au télescope des réalités quotidiennes et voir l’espoir de changement qu’elle commença à caresser dans sa tête; le sentiment d’amour de la patrie qui alimentait jadis ses sens commença à s’effriter. Le cœur rempli de tristesse, la question incontournable s’imposa immédiatement : « Que faire de sa vie ? ».

Elle a beau promené 18 ans de son existence sur la voie académique et a consenti une dizaine d’années d’expérience professionnelle à chatouiller la vie pour s’inspirer de son sourire. Aujourd’hui, Marie refuse d’épouser la réalité qui sous-tend la vie de ses frères et sœurs pour transformer la phrase « Que faire en Haïti » en un chapitre qui s’adresse directement à son avenir et à l’héritage d’un milieu propice qu’elle pense léguer à ses enfants.  Pour marquer le préambule de ses réflexions, elle se pose les questions suivantes: « Que fais-je ici ? ». « Dois-je laisser le pays ou dois-je continuer à vivre dans le chaos ? ».

Branché au radar de son cerveau, Marie se rappelle de son ami Jerry qui avait compris très jeune que la situation socio-politique d’Haïti se dégrade et le choix de laisser le pays pour le Canada était un recours et une possibilité d’explorer ses potentialités.  Appartenant à la classe moyenne de son pays (classe presqu’inexistante), voyager en Amérique du Nord pour Marie ne s’avère pas difficile et le visa qui autorise l’accès, est une simple courtoisie. Conciliant ces données dans sa tête, il arrive que ses réflexions lui aient prescrit les Etats-Unis et le Canada comme remède immédiat et alternative à ses maux. Mais étant sensible à son éducation et au devenir de ses enfants, elle fait tourner la scène des premiers jours en terre étrangère pour arriver aux questions: « Aurai-je la possibilité d’aiguiser ma formation en arrivant ? A quel niveau vais-je commencer à travailler vu que les diplômes haïtiens sont si peu considérés ? Comment vais-je m’occuper de mes enfants en arrivant là-bas?».

Les Etats-Unis réputés pour son « Dream come true », cet endroit serait idéal pour elle de gagner de l’argent et réaliser ses rêves ; devenus actuellement un territoire de chasse aux immigrants, Marie pense que ce choix pourrait tromper ses aspirations ; rejette d’un revers de main l’idée de s’immigrer dans ce pays étoilé. Depuis toujours, ses pensées ont été dominées par une envie pressante de jouir d’une vie de qualité et épanouie, ce qui fait que les témoignages qu’elle recueillait de son ami sur le Québec n’ont jamais été anodins. Conseillée à maintes reprises sur le programme de travailleurs qualifiés du Québec, il se trouve que la durée du processus d’application la décourageait à chaque fois qu’elle tentait de  postuler. 

Aujourd’hui, son aversion pour le climat socio-politique convertit ses préalables convictions à la religion des haïtiens qui partent pour l’étranger. Ne pressentant aucun espoir dans le paysage de ses pensées pour lui et ses enfants bien qu’elle soit une professionnelle accomplie, Marie planifie de laisser sa terre natale et décide de mettre en œuvre l’un des prescrits de ses réflexions. Elle tient à s’éloigner de ce soleil tropical pour s’immigrer dans un pays où le coton tombe du ciel en hiver, avec une culture inconnue et différente de la sienne.

Avec la patience comme vertu et une détermination comme guide, Marie s’adonne à la recherche des programmes d’immigration rapide et à courte durée. Elle s’informe davantage sur les provinces canadiennes dans l’objectif de quitter Haïti l’année prochaine…


Jeff Valbrun
 













































































































































































































































     



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